Voici un éclairage pragmatique venant des Etats-Unis sur la crise actuelle...
Sara Amiri, Responsable marketing dans une société financière nord-américaine est l'exemple, à la fois, d'une brillante carrière et d'une intelligente capacité d'adaptation. Jeune marocaine, elle a choisi les Etats-Unis pour parfaire son parcours académique. Notamment, à l'Université du Wisconsin. Entrepreneur-née, elle a été, entre autres, attachée de campagne pour le parti démocrate. Elle nous fait le plaisir de partager sa lecture de la crise financière actuelle, avec sa posture d'outre-atlantique.- Sara, sur le vieux continent et depuis la crise de la dette grecque, nous nous "gargarisons" de pessimisme et les marchés financiers jouent à se faire peur. Quel état d'esprit prévaut de ton côté de l'Atlantique ?
Il est vrai que la crise de la dette grecque a déclenché bien de l’angoisse et de l’ambigüité dans tous les continents et notamment chez les investisseurs américains qui sont sensibles aux médias américains mais aussi européens. Ces derniers nous envoient, malheureusement, des signaux défavorables sur l’économie mondiale et sur les marchés financiers en particulier. Nous n’avons toujours pas guérit totalement de la blessure infligée par la crise financière de 2008, et nous voici, une nouvelle fois, confrontés a une crise systémique. Quant à l'état d’esprit prévalant aux Etats-Unis, je dirais qu'il existe beaucoup de confusion. La plupart des gens se demandent comment la crise de la dette grecque peut se répercuter sur le marché financier américain. Peu de gens comprennent la crise de dette, mais ce qui est encore plus important, c’est que peu de gens savent qui au juste détient ces dettes. Ces questions alimentent l'incertitude chez l’investisseur américain. Cela peut également déclencher une crise de resserrement du crédit, voire éventuellement une crise de liquidité. Nous suivons de très près l’actualité européenne. Nous comprenons à présent, le degré de propagation d’une crise financière à travers le globe. Cela dit, je pense que l’on reste vigilent tout en demeurant plutôt optimistes aux Etats-Unis. Les derniers rapports sur la croissance du PIB et sur le taux de chômage sont encourageants. Aussi, je conclurai qu'il n'y a pas autant de pessimisme de ce côté de l'Atlantique.
- L'Europe voue, souvent, aux Etats-Unis une relation schizophrène. Un sentiment tantôt mêlé d'envie et de réprobation mais aussi d'admiration et d'attente. Comment le ressens-tu ?
Je pense que c’est une relation bien réciproque. Au fil de mon expérience et de mes diverses conversations avec des Américains et des Européens, j’ai pu ressentir cette relation complexe. Je pense, en partie, cela est dû à l’histoire de ces derniers mais aussi à la politique étrangère américaine. La relation historique entre l’Europe et les Etats-Unis est basée sur des valeurs communes et sur une forte croyance fondamentale de la démocratie et des droits de l’Homme. On y ajoute: justice et pouvoir de l’économie du marché. Ce sont deux fortes économies qui sont à la fois partenaires mais aussi concurrentes sur le marché mondial. Chacune des deux économies assure à l’autre une grande partie de ses investissements directs étrangers. Il est à noter que les Etats-Unis seuls ont investi en Europe près de 98 milliards d’euros en 2010. Cependant, le sentiment de reproche envers les Etats-Unis peut être expliqué par le positionnement des Etats-Unis sur la scène politique internationale comme étant la force économique et militaire mondiale, diminuant de facto la force que représentait l’Europe, il y a quelques décennies. Je pense que l’on peut bien constater le mouvement d’hostilité entre les Etats-Unis et l’Union Européenne face à la campagne de lutte contre le terrorisme lancée par les Etats-Unis et l’invasion de l’Irak par la suite. Je pense néanmoins que cette relation, dite schizophrène, n’est que le résultat logique d’un affrontement entre deux pouvoirs qui tentent de préserver et d’assurer leurs positions au milieu de la scène politique et économique internationale. Toutefois, cela fait sourire de constater que cette scène ne tardera pas à être dominée par de nouvelles forces comme la Chine, Israël, ou l’inde, si ce n’est pas déjà fait en coulisses.
- Le compromis sur la dette US adopté début août entre démocrates et républicains n'a pas enthousiasmé les marchés financiers. Est-ce à attribuer au pessimisme ambiant ou à l'insuffisance du plan ?
Que l’on soit démocrate ou républicain, il était nécessaire d’initier un débat sur l’endettement du gouvernement américain au niveau politique. Barack Obama a conseillé vivement les deux partis politiques de parvenir à un consensus pour éviter que le gouvernement américain ne puisse honorer ses échéances. Malheureusement, le débat économique sur la dette a pris l’apparence de deux campagnes électorales qui ciblent.....
Pour lire la suite: http://www.meylan-finance.ch/blog-finance/2011-08-crise-financiere-nouvelles-des-etats-unis-avec-sara-amiri
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